Vendredi - « D’abord on se fait à cette vie. Je ne dis pas qu’on l’accepte et puis, je veux être un homme fort sans autre soutien que moi-même et toi. On peut avoir des petits moments de dépression mais on se forge le caractère en les surmontant. Je veux sortir d’ici la tête haute ».
Outre ses cahiers de prisonniers, Frédéric Curie a laissé un autre cahier, commencé quelques mois après sa libération. Il est commandant de la 22e compagnie (Choisy-le-Roi) dont le PC est à Vitry. Intitulé « Cahier d’un exilé » et sous titré : « Commencé ce samedi 14 février 1942 à Vitry ». Un an après, il y expose sa vie libre dans des billets épisodiques.
« Le 14-2-42 – 17 h 50. Une chose m’a toujours frappée : l’éloignement d’un objet grand ou petit. Les deux feux d’une rame de métro qui s’enfonce dans le souterrain, l’arrivée d’un train qui fuit on ne sait où, une pierre qui quitte ma main et qui tombe (…) Il en est ainsi du 23 août 1940. Impossible de reprendre ma vie à cette date, impossible de ressouder les deux tronçons d’une vie cassée. Que s’est-il passé depuis ? à la fois beaucoup et peu de chose. Qu’y a-t-il entre la pierre et ma main ? Le 23 août j’étais dans la main, je suis aujourd’hui la pierre et je n’arrive pas à évaluer le chemin parcouru ».
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